J.T. SACONNEY
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Les ascensions en cerf-volant ( 1909 – 1917 )
La guerre

En août 1914, deux sections de cerf-volant sont envoyées au front. Celle de la 23e compagnie d’aérostiers de Belfort et celle d’Epinal, la 30e, conduite par Saconney. Les ascensions en cerf-volant sont encore nombreuses, ainsi, du 27/9/14 au 10/2/15, 124 heures d’observation sont faites en ballon, mais également 48 en cerf-volant. Ces ascensions sont faites pour régler les tirs des canons français sur les batteries ennemies. Saconney monte lui-même dans la nacelle et « ne cesse de faire de la propagande ». Le nombre de compagnies est augmenté, mais peu à peu l’apparition des ballons cerf-volant de Caquot qui résistent au vent élimine les ballons sphériques et provoque l’arrêt presque complet de l’usage des cerfs-volants au printemps 1916. Ainsi, la 46e compagnie, celle de Pantenier, n’ascensionne qu’une fois en cerf-volant entre septembre 1915 et novembre 1916.

Toujours selon Pantenier, il en était à peu près de même dans les 11 autres sections de cerf-volant. Cependant, les cerfs-volants ne sont pas complètement retirés des compagnies. Dans un courrier du 12 avril 1917, un ministre de la guerre, le lieutenant colonel Richard, évoque « 12 compagnies d’aérostiers aux armées (qui) possèdent un matériel de cerf-volant parfaitement au point ». Cependant, leur inactivité exaspère les cerfs-volistes (particulièrement Frantzen et Pantenier) qui pensent que leurs propres cerfs-volants, mieux conçus que le Saconney, pourraient provoquer un regain de l’usage des cerfs-volants. Ils estiment que la marine particulièrement gagnerait à les employer pour le repérage des sous-marins qui devient vital en 1917.

Ces cerfs-volistes innovateurs trouvent des appuis politiques, mais l’institution militaire défend le cerf-volant réglementaire Saconney et pas toujours de façon rationnelle et équitable. Ainsi, dans un courrier de fin 1917, le lieutenant colonel Richard indique « Aucune expérience comparative entre divers types de cerfs-volants n’a été faite à proprement parler » et quelques lignes plus loin : »Il semble bien qu’aucun (amateur) n’ait réussi à créer un type de cerf-volant susceptible de soutenir la comparaison avec le type réglementaire ».Comment a-t-on pu comparer sans faire d’expérience comparative ? Saconney lui-même est hors de cause dans la querelle, en 1917 les cerfs-volants ne faisaient plus partie de ses soucis, mais comme lors des comparaisons avec le modèle Madiot, il apparaît que le cerf-volant Saconney a bénéficié d’une bienveillance particulière.

En janvier 1918, la marine accepte que Frantzen prouve son savoir-faire. La faiblesse des moyens fournis et le manque de rigueur du cerfvoliste conduisent ces essais à l’échec.

En somme, le cerf-volant observatoire a été très peu utilisé pendant la guerre, en France comme chez les autres belligérants. Les progrès de l’aérostation et de l’aviation permettent à ces derniers d’occuper le ciel par presque tous les temps.

Voici maintenant la description des conditions d’observation en cerf-volant pendant la guerre :

  • Maurice Arondel
    « En 1915, dans l’Artois, j’ai fait un certain nombre d’ascensions en cerf-volant, la marotte du commandant Saconney, je crois même détenir le record d’altitude avec cet engin : 3 heures à 600 mètres. Il était difficile d’obtenir des résultats précis avec un tel appareil à cause des changements d’altitude fréquents au cours d’une même observation ».
  • Marc Brillaud de Laujardiere
    « J’ai eu l’occasion, lors des attaques du 9 mai 1915, en Artois, d’ascensionner dans un de ces engins , jusqu’à 600 mètres d’altitude, mais l’irrégularité du vent était telle qu’il fallait sans cesse agir sur les câbles pour y remédier, ces manœuvres rendaient l’observation presque impossible, en tout cas d’une efficacité à peu près nulle. »
     
  • Guillotin
    « Il est facile d’imaginer l’ampleur des mouvements de la nacelle quand le train de cerfs-volants perdait ou augmentait d’altitude par l’irrégularité du vent. Par vent régulier, le train figurait un i dans le ciel et l’observation à la jumelle était facile, mais personnellement je n’ai éprouvé cette facilité que très rarement. »
  • J. Mathieu
    « La visibilité étant très bonne, un ciel bien ensoleillé, sans aucun nuage, ma vue s’étendait à plus de 50 km. La nacelle était parfaitement stable, sans aucun mouvement. J’avais l’impression d’avoir été cloué dans le ciel. C’était merveilleux. »