J.T. SACONNEY
. L'enfance
. Ballons, dirigeables
. Photographie aérienne
. En mer
. L’aérologie
. Les ascensions
 Essais en mer
  — Le matériel
  — La guerre
. La D.C.A.
. L’Aviation civile
. Mouvement cerf-voliste
. L’homme
 
ASSMANN
CODY
DUTIHL
FRANTZEN
GEORGE
LECORNU
PANTENIER
PICAVET
PUJO
LIENS
 

Ballons et dirigeables (1899-1917)

Les archives militaires sont généreuses et précises quant à la succession des activités de Saconney. Cependant. Un récit chronologique est difficile à conduire parce que les missions étaient abandonnées puis reprises. Pour éviter ces discontinuités, les travaux de Saconney décrits ci-dessous sont relatés par thème en s’étendant davantage sur le cerf-volant et ses fonctions.
En 1899, le ciel est à peu près vide d’hommes. L’unique moyen pour voyager dans l’atmosphère est le ballon qui a besoin soit d’hydrogène, soit de gaz d’éclairage. Les deux gaz sont préparés dans des installations complexes (l’ expression « usine à gaz » pour désigner un dispositif complexe est demeurée) et cotîteuses donc réservées aux institutions ou aux individus fortunés, c’est-à-dire les militaires, les grands bourgeois et les aristocrates aisés. Quelques bateleurs organisent également des spectacles à partir de ballons. Les personnes les plus clairvoyantes, et Saconney en faisait partie, devinaient que l’avenir appartenait aux avions mais dans un délai indéfinissable. Pour les civils, le voyage en ballon était une aventure sportive et mondaine. Pour les militaires, traumatisés par le siège de Paris en 1870, le ballon est le seul moyen pour observer les environs d’une place encerclée ou pour la quitter et communiquer avec l’extérieur.
À la suite de ses ascensions en ballon à Grenoble, Saconney passe le Brevet Supérieur d’Aéronaute le 22 mai 1902. (Bizarrement, il ne passera celui d’ observateur en ballon qu’une fois la guerre terminée, en novembre 1920). Toujours en 1902, lors des manœuvres de forteresse au Camp de Chalon. Saconney se distingue par la rapidité et la sûreté des informations qu’il fournit du haut de son ballon. Il devient spécialiste aérostier et c’est l’une de ses grandes occupations jusqu’au début de la guerre.
Il participe en 1903 à la rédaction du règlement sur la construction du matériel d’aérostation, est nommé au Bataillon d’aérostiers de Versailles puis, en 1906, au Service de l’Aérostation à Paris.

En août 1914, Saconney constitue une compagnie d’aérostiers et c’est lui seul qui organise la nouvelle fonction des ballons captifs qui est de suivre partout l’artillerie en campagne et de régler les tirs. Il a vu que les progrès de l’artillerie ont rendu caduques les forteresses et imposent à toutes les armes la guerre en rase campagne.

Les Français utilisent d’abord le ballon sphérique, puis rapidement le ballon cerf-volant (dit saucisse en argot militaire) copié sur le ballon allemand (Drachen). L’idée d’un croisement ballon et cerf-volant est due à l’anglais Edmund Archibald en 1885. Au début de la guerre, Albert Caquot améliore le système allemand. Saconney ayant découvert la nouvelle fonction tactique des ballons captifs va également créer les écoles où seront fonnés les observateurs. Le rôle des ballons est capital et les moyens qui leur sont consacrés en donne une idée. Selon J. Branche, les 75 compagnies disposaient chacune de 130 hommes sur le front et environ 35 militaires à l’arrière, soit un total de 165 militaires par compagnie auxquels il faut ajouter autant de civils (fabrication de treuils, camions, gaz). Ce sont donc 25.000 hommes (et femmes) environ qui ont constitué l’aérostation et les 4.170 ballons (dont 2.538 de barrage contre avion) de la guerre de 14. À titre indicatif, il y avait lors de la bataille de la Somme un ballon tous les 700 ou 800 mètres.

Au cours de la guerre, Saconney est successivement commandant de section, puis de compagnie, de groupe des compagnies, inspecteur de compagnie, commandant d’aérostation d’armée et finalement inspecteur des Compagnies d’aérostiers. Il abandonne l’aérostation pour la D.C.A. en 1917.

Le rôle essentiel de l’aérostation pendant la guerre a été très largement sous-estimé. Il est masqué par la gloire envahissante de l’aviation, surtout la chasse, dont les succès amplement claironnés consolaient des malheurs de la guerre. On a plus écrit sur le seul « chevalier Guynemer » que sur les 10.000 aérostiers du front.