Mathieu DUTIHL : Un cerf-volant
Louis XV |
par Pierre
MAZIÈRES (novembre 2004) |
Les débuts
L'examen de l'atmosphère s'est d'abord
fait du sol, le nez en l'air. La méthode a encore ses
pratiquants.
En montant un peu, on installe plus tard des girouettes sur
les clochers. Pascal (1623-1662), en 1648, expédie
son beau-frère à environ 1.500 mètres
d'altitude au sommet du Puy de Dôme. Il désire
lui faire vérifier à l'aide d'un tube de Torricelli
(1608-1647) que la pression est plus faible au sommet de la
montagne qu'à sa base. L'hypothèse est vérifiée.
Nous y avons gagné le « 1.013 hectopascals»
de la météo.
Cependant, aussi haut que l'on monte sur une
montagne, on n'est toujours qu'au niveau des pâquerettes.
L'air au sommet du Puy de Dôme est en partie de l'air
de plaine poussé au sommet par le vent. C'est haut
et loin du sol qu'il faut aller.
Alexandre WILSON (1714-1786)
C'est Wilson, aidé par Thomas Melville,
qui en 1749 fait la première exploration automatique
au sein même de l'atmosphère. On avait déjà
utilisé le cerf-volant pour estimer la direction du
vent mais Wilson utilise le cerf-volant comme outil pour élever
un thermomètre.
D'après la relation des essais faite
plus tard par le fils de Wilson, son père aurait utilisé
un train de six cerfs-volants munis de queues et construits
avec du papier. Ces cerfs-volants mesuraient de 4 à
6 pieds de hauteur et les plus petits étaient lancés
les premiers.
Le système de lecture des thermomètres accrochés
aux cerfs-volants n'est pas clair. Selon le fils de Wilson,
le cerf-volant de tête aurait par moment disparu dans
« les blancs nuages d'été ». Avec
des cerfs-volants à queue et en train, c'est un exploit
remarquable. Il est regrettable que nous ne sachions pas comment
était constitué le train.
Benjamin FRANKLIN (1706-1790)
Franklin commence par inventer le paratonnerre
(mais il y aurait eu des prédécesseurs) qui
attire la foudre sur des pointes de fer reliées au
sol. Il imagine ensuite « le cerf-volant électrique»
avec lequel il amplifie la faculté de captation «
du fluide électrique» en élevant jusqu'aux
nuages d'orage une pointe métallique.
Au milieu du XVIIIe siècle il n'y a que deux façons
de goûter à la délicieuse frayeur d'une
décharge
électrique. Dans les salons, on utilise une machine
électrostatique dont le principe est le même
que celui des enfants qui frottent un stylo à bille
en plastique avec un tissu de laine pour attirer ensuite de
petits bouts de papier. C'est la façon mondaine. L'autre
façon, surtout pratiquée par des paysans, consiste
à travailler dans un champ un jour d'orage. L'effet
est sensiblement plus violent.
Pour les savants de l'époque, l'étincelle
de la machine électrostatique et l'éclair ont
en commun la lumière produite et le bruit émis,
crépitement pour J'étincelle et tonnerre pour
l'éclair. Cependant, rien ne permet d'assurer que les
deux phénomènes sont de même nature. C'est
pour le démontrer que Franklin entreprend ses essais
de cerf-volant électrique, très vraisemblablement
à Philadelphie en 1752.
Dans son « Traité de l'électricité»
édité en 1771, Sigaud de la Fond cite le description
que Franklin fait de son cerf-volant :
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