J.T. SACONNEY
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L’aérologie et les cerfs-volants (1912 – 1914 )


C’est une tempête dévastatrice en mer Noire en 1854 qui convainc que seule une vision continentale ou planétaire permettra de prévoir le temps. Des recherches dispersées avaient bien été entreprises auparavant, mais cette tempête conduit à unifier puis à rationaliser et donc quantifier les phénomènes atmosphériques. Pour cela, il faut sonder l’atmosphère avec des appareils de mesure. Ces travaux se sont considérablement développés pendant la jeunesse de Saconney.

Les aérostiers, au moins autant que les marins, ont un besoin vital de savoir le temps à venir. Dès les débuts de sa carrière, Saconney a été confronté au vent par les ballons puis les cerfs-volants. C’est avec ces mêmes appareils qu’il va mesurer l’atmosphère.

La fonction de chef de laboratoire d’aérologie et de téléphotographie lui est attribuée le 9 octobre 1912. La prise en charge de l’aérologie par les militaires est certainement due en partie aux insuffisances des services officiels civils équivalents à la même époque.

Fin décembre 1912, Saconney est installé avec une dizaine d’hommes dans les casemates délabrées du Fort d’Issy près de Paris.

Autant que de prévisions pour le lendemain, les aviateurs et aéronautes désirent savoir la direction et la vitesse du vent dans les quelques centaines ou milliers de mètres qu’ils vont traverser dans l’heure suivante et à l’endroit parfois isolé où ils vont voler. Les avions de 1912 volent à environ 100 km/h, c’est-à-dire moins vite que la moindre des automobiles actuelles et par conséquent un vent contraire réduisait leur vitesse à quelques dizaines de km/h.

Saconney conçoit donc le matériel aérologique suivant entièrement contenu dans un véhicule aménagé. Il contient :

  • un mât anémométrique gigogne de 25 mètres de hauteur
  • de petits ballons captifs de 70 cm de diamètre retenus jusqu’à 1000 m d’altitude. Ces ballons indiquent ( par l’inclinaison et la traction du fil de retenue) la direction et la vitesse du vent lorsque ce dernier est faible.
  • de petits ballons pilotes libres dont on suit la trajectoire au théodolite les jours de vent moyen (inférieur à 15 m/s). Ils permettent de mesurer la vitesse et la direction du vent à toutes les altitudes.
  • des cerfs-volants les jours de vent moyen et surtout de vent fort
    Saconney utilise, soit ses propres cerfs-volants, soit ceux de son ami Marc Pujo selon la vitesse du vent. Dans les deux cas, ce sont des cerfs-volants de 4 à 5 m2. Ils sont attachés par une cordelette d’acier de 2000 à 3000 mètres et leur traction mesurée au dynamomètre permet de calculer la vitesse du vent jusqu’à 2500 mètres d’altitude. Un enregistreur placé au sol permet de mesurer les variations de vitesse à une altitude donnée.. Le cerf-volant est alors en effet le seul appareil permettant d’estimer la vitesse des rafales qui sont un péril majeur pour les avions. Saconney pense ainsi pouvoir observer les « régions de remous et les changements brusques de direction du vent « .
  • « Perce-brume ». Saconney invente cet appareil pour mesurer la hauteur et l’épaisseur de la couche nuageuse. C’est un dispositif équipé d’une minuterie qui dégage de minute en minute un papier photographique . L’appareil est élevé en cerf-volant (ou en ballon captif) en alternant ascensions et arrêts de façon à ce que la pellicule soit impressionnée lors des paliers. Au retour du perce-brume, le développement indique l’exposition à la lumière vive du jour ou terne de la brume et permet de déterminer la hauteur des nuages.
  • Des mesures sur le câble métallique du cerf-volant permettent de mesurer la charge électrique des nuages et selon Saconney de savoir s’il s’agit de nuages d’orage. Cette mesure peut se faire sans vent. Il suffit de dérouler au sol 1500 m de câble et de l’enrouler au treuil à 15 m/s. En quelques dizaines de seconde, le cerf-volant s’élève ainsi à 1000 m d’altitude.
  • La voiture d’aérologie contient également un bureau de dessinateur, un atelier, un treuil avec 4000 m de câble d’acier, les appareils classiques de météorologie (baromètre, hygromètre, thermomètre, anémomètre, néphoscope pour mesurer la vitesse des nuages) et – merveilles finales – la T.S.F. et « un éclairage électrique intense » ;

    Aux manœuvres de l’été 1913 qui consacrent la valeur de l’aviation militaire , la station météorologique mobile de Saconney fournit en 30 minutes la description de l’atmosphère jusqu’à 3000 m et elle est exposée à Paris au 5e salon aéronautique la même année.

    Pendant la guerre de 14 – 18, la météorologie occupera plusieurs milliers d’hommes et aura un rôle déterminant (usage des gaz de combat et réglage des tirs d’artillerie). Saconney bien qu’ayant été parmi les précurseurs de la météorologie militaire la délaissera pendant le conflit.

    Au retour de la paix, le renouveau de l’Organisation Météorologique Internationale s’organise.
    C’est dans ce cadre qu’en 1919 le commandant Saconney est président de la commission d’application de la météorologie à la navigation aérienne. Il se trouve là parmi les plus éminents spécialistes mondiaux de la météorologie.