CODY
. Le Brevet de 1901
. Le cervoliste (2)
. Aldershot
. Revue du C-V 1914
. Le vol libre
. Plan du Cody

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LIENS

 

Samuel Franklin Cody

Cody voit dans le cerf-volant bien plus qu'un passe-temps. En 1901, il fait breveter le cerf-volant qu'il a dessiné et le propose au Ministère de la Guerre sous le nom d'"Aeroplane" ou "War Kite". Pour Cody, ce cerf-volant militaire constituerait l'observatoire idéal pour repérer les positions de l'ennemi. Il serait bien préférable au ballon captif dont on connaît les limites depuis son utilisation par l'armée anglaise pendant la guerre des Boers. Le ballon exige trop de temps de préparation et n'a qu'une plage de vent très réduite. Le cerf-volant est très peu onéreux, rapide à lancer, et beaucoup moins vulnérable car il n'offre à l'ennemi qu'une cible minuscule. De plus, le pilote peut facilement informer le sol par téléphone ou au moyen de messagers descendant rapidement sur le câble.
Pour montrer l'efficacité de son système, Cody va donc offrir à l'armée des vols de démonstration. Durant un vol d'essai, il réussit à monter à 100 mètres, réalisant, selon lui, la plus haute ascension humaine jamais faite sans l'utilisation du gaz. Malencontreusement, son cerf-volant tombe au cours de l'expérience mais lui-même s'en tire sans blessure. L'armée, à l'issue des essais, ne se laisse pas convaincre : Cody est desservi par son image d'amuseur et il n'est pas encore l'heure pour lui d'être pris au sérieux. La seule chose qu'on lui propose est un poste d'instructeur de tir à Aldershot car les militaires ont, par contre, été très impressionnés par ses talents de tireur. Il a de la fierté et il refuse.

Cody a bien compris qu'il lui faut devenir plus crédible pour le milieu scientifique de son époque. Il s'y emploie en fournissant au moins un cerf-volant à une expédition écossaise en Antarctique et en réalisant toute une série de relevés météorologiques au-dessus de la ville de Newcastle. Lors d'une de ces ascensions, un relevé sera effectué à une altitude de 12000 pieds. Ses efforts portent ses fruits car il devient bientôt membre de la "Royal Meteorological Society" et peut désormais côtoyer les plus hautes personnalités civiles ou militaires du milieu aéronautique.

Le cervoliste devient, à cette époque, bien connu du public mais aussi de la police. A Blackpool, celle-ci doit contenir la foule lorsque son train de sept cerfs-volants s'en va flirter dangereusement avec la tour de la ville. A Glasgow, la police lui reproche de troubler l'ordre sur la voie publique lorsqu'il choisit comme terrain d'envol le toit du théâtre Métropole...

Première phase d'essais pour la Royal Navy
En février 1903, Cody écrit à l'Amirauté pour lui proposer les services de son cerf-volant. Il pourrait, assure-t-il, être des plus utiles pour la signalisation, l'envoi de messages, le transport d'articles légers d'un vaisseau à un autre, voire même la surveillance et le repérage de sous-marins. Pour prouver ses dires, Cody convie les officiers supérieurs de la Navy à assister à des vols de démonstration. Ceux-ci vont être jugés assez concluants car malgré des vents relativement légers, Cody réalise plusieurs ascensions humaines à des altitudes de 150 pieds.
Cody déclare alors qu'il souhaiterait prouver l'efficacité de son système en mer et mettre son invention au service de l'Amirauté. Vivant depuis douze ans en Angleterre, il serait désireux d'être naturalisé et de pouvoir travailler pour le gouvernement anglais dans le domaine du cerf-volant. La Navy consent, pour l'instant, à donner le feu vert à des essais sur l'île de Whale et à bord de ses vaisseaux L'Excellent et le Vernon.

Les premiers tests sur l'île de Whale portent d'abord sur la stabilité des cerfs-volants et la possibilité d'élever des antennes télégraphiques aériennes. Malgré le vent violent, la pluie et les bourrasques, les War-kites de Cody se comportent pour le mieux et dès le deuxième jour on monte une antenne à une hauteur de 600 pieds. Les vols en mer s'avèrent tout aussi satisfaisants. Le décollage depuis un vaisseau ne semble pas poser de problème, que ce dernier soit à l'ancre ou en train de naviguer et les trains restent stables même lors des changements de cap. Les rapports que reçoit l'amirauté sont si favorables que le Prince Louis de Battenberg, directeur de l'Intelligence Navale, recommande au gouvernement d'acheter le brevet et d'employer Cody en tant que constructeur et instructeur officiel.
Les essais d'ascension humaine vont, par contre, s'avérer un peu plus mouvementés.
A la fin d'un vol à 500 pieds au-dessus de Whale Island, un train de cerfs-volants est brusquement déséquilibré par une saute de vent. La nacelle tombe mais atterrit avec une relative douceur grâce à l'effet de parachute du cerf-volant transporteur. Son occupant en sort indemne.
Un autre incident marque le début des essais en mer depuis le navire remorqueur "Seahorse". Un train que l'on vient de lancer est soudain rabattu par une bourrasque juste avant de lancer le cerf-volant transporteur et son occupant. Une rupture de bride du deuxième cerf-volant d'attelage en serait la cause. Sans doute par mesure de prudence, remplace-t-on pour les vols suivants le pilote par une lourde charge, en l’occurrence une bûche de 70 kg. Le jour suivant les vents sont trop légers pour poursuivre les ascensions humaines.

Cody ne semble pas trop s'attacher à ces détails car c'est le moment qu'il choisit pour chiffrer ses prétentions : il ne réclame rien de moins que 25000 livres pour céder son brevet, plus 1250 livres de salaire annuel pendant une durée d'au moins cinq ans, période à l'issue de laquelle 25000 livres supplémentaires devront lui être versées. Ses prétentions vont être jugées exorbitantes car elles représentent à peu près les deux tiers du prix d'un contre-torpilleur. Cody revoit sans doute ses prix à la baisse mais un autre événement va mettre rapidement fin à ces négociations : le Directeur des contrats de la Royal Navy a demandé un examen du brevet de 1901. L'ingénieur à qui on a confié cette tâche n'hésite pas, malgré ses faibles connaissances en aéronautique, à contester la validité du brevet. Pour lui, le cerf-volant de Cody n'est pas un modèle vraiment original et certaines de ses caractéristiques le rendent trop peu pratique. L'Amirauté rejette donc les propositions de Cody et ne lui offre que le remboursement de ses frais et une modique somme de 100 livres pour les services accomplis. Cependant, la Royal Navy ne coupe pas totalement les ponts avec Cody car elle lui commande quatre trains de cerfs-volants qu'elle mettra à la disposition de quatre de ses bateaux de guerre.


En 1903, Cody, toujours en quête d'exploits et de publicité, se fixe pour objectif de traverser la Manche sur un canot traîné par un cerf-volant. Ses premières tentatives dans le sens Douvres-Calais ayant échoué, il renouvelle l'opération depuis Calais et cette fois, le bon vent aidant, c'est le triomphe.