Samuel Franklin Cody
Aldershot
En juin 1904, l'armée anglaise invite Cody à Aldershot
pour y faire une démonstration de ses cerfs-volants.
L'armée s'intéresse de nouveau au système
Cody car elle voudrait, en cas de vent fort, pouvoir remplacer
ses ballons captifs par des cerfs-volants d'observation.
Les essais s'étant avérés concluants, l'armée
décide d'employer les services de Cody. Pour un salaire
de 1000 livres par an, il devient instructeur en chef pour les
vols et il supervisera aussi la construction du matériel.
Même s'il n'est qu'employé civil, il a droit, comme
tout officier, à la pension pour son cheval.
A la Balloon Factory et à la Balloon School, Cody va
donc travailler à peaufiner ses cerfs-volants d'observation.
Le but recherché par l'armée est de pouvoir élever
des cerfs-volants à 1000 pieds, c'est à dire à
la même hauteur que celle choisie pour les ballons captifs.
A cette altitude, un observateur peut donner des renseignements
des plus utiles pour le réglage du tir et observer de
façon précise les mouvements de l'ennemi au sol.
Cody va aussi s'employer à rendre parfaitement efficace
le travail des aérostiers qu'il a sous ses ordres. Des
exercices tendent à réduire au maximum le temps
de préparation et de lancement des trains. Si besoin
est, on utilise des chevaux pour actionner et déplacer
les treuils sur le terrain. La force de traction des cerfs-volants
est telle qu'en au moins une occasion elle dépassa celle
du cheval.
Les vols gagnent en sécurité, posssibilités
et performances : il devient possible d'emmener trois observateurs
à la fois et une altitude record de 3340 pieds est atteinte
par le lieutenant Brooke-Smith en 1906.
Seconde phase d'essais pour la Royal Navy
En 1907, la Royal Navy manifeste à nouveau le désir
de tester l'utilisation de cerfs-volants sur ses navires.
En effet, il apparaît indispensable à l'Amirauté
de pouvoir faire face aux menaces sous-marines et donc de
trouver des moyens de détecter des mines ou des sous-marins.
Les lourdes pertes en navires pendant la guerre Russo-Japonaise
ont démontré à quel point il était
important de s'attaquer à ce problème. Après
de nombreuses tractations, le War Office accepte de mettre
Cody à la disposition de la Royal Navy pendant un délai
d'un mois.
De nombreuses expériences vont donc avoir lieu au large
de Porsmouth et de l'île de Wight en 1908. On va vite
s'apercevoir que le décollage d'un train de cerfs-volants
depuis le gaillard d'arrière d'un navire de guerre
n'est pas toujours chose si aisée : si ce dernier navigue
face au vent, sa superstructure et les gaz émis par
les cheminées génèrent d'importants tourbillons.
Il faut alors dévier légèrement la course
du navire pour permettre l'envol des cerfs-volants.
Sans
être miraculeux, les résultats les plus significatifs
sont fournis par les expériences de réglage
de tir : à une distance de 6,7 kilomètres, on
tente d'atteindre un lance-torpilles factice traîné
par un contre-torpilleur, l'observateur transmettant les résultats
par sémaphore. Cest, sans doute, la première
fois dans l'histoire que l'on tente de régler un tir
sur une cible flottante d'après les indications fournies
par un observatoire aérien.
Bien moins convaincants vont s'avérer les essais de
repérage de mines ou de sous marins : la météo
très médiocre et la mer très peu limpide
interdiront à Cody et à ses assistants toute
détection sous-marine. Ainsi Cody lui-même ne
parviendra à apercevoir rien de plus que la partie
émergée d'un sous-marin flottant en surface.
Les photographies prises par les observateurs ne seront guère
plus utiles pour révéler des objets immergés.
D'autres tests évalueront le temps nécessaire
à l'envol d'un train de cerfs-volants : depuis le début
du montage des appareils jusqu'au moment où l'observateur
prend place dans la nacelle, on comptera 30 minutes.
Les vols réalisés pendant les essais atteindront
fréquemment une hauteur de 1000 pieds et la plus haute
altitude enregistrée sera de 1200 pieds ce qui permettra
à l'observateur d'apercevoir l'île de Wight à
une distance de 20 miles.
Même s'il est bien rodé, le système Cody
n'est pas absolument sans danger : Cody lui-même paiera
de sa personne lors d'un essai de repérage de mines.
Une forte bourrasque déséquilibre soudain le
train volant à une altitude de 800 pieds. Le cerf-volant
pilote plonge brusquement à droite entraînant
avec lui les quatre cerfs-volants d'attelage. Le train se
redresse pour mieux replonger quelques instants plus tard.
Cody n'échappe pas au bain forcé et na
plus quà attendre les secours en s'agrippant
à la nacelle.
Malgré les chaudes recommandations des partisans de
Cody, l'Amirauté décide, à l'issue des
essais, de ne pas donner suite au projet d'adopter l'usage
du cerf-volant sur ses vaisseaux. Pour les officiers du commandement,
les tests ont plus démontré les difficultés
et les risques attachés à l'utilisation du cerf-volant
que son utilité vraiment potentielle. Peut-être
le prix demandé par Cody explique-t-il aussi cette
décision : 1000 livres par train de cerfs-volants.
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