Les
cerfs-volants
L’unique
fonction des cerfs-volants à Lindenberg est d’élever
le plus haut possible un météorographe d’environ
1,5 kg qui enregistre la pression, la température ,
l’humidité et éventuellement la vitesse
du vent au cours de l ‘ ascension. Au début de
ses travaux, Assmann utilise le météorographe
de Richard (français), puis à partir de 1901
celui de Marvin (américain) d’une qualité
qu’il juge inégalable.
Les cerfs-volants sont construits sur place dans un atelier
de 60 m2 par Hermann Schreck aidé d’un ouvrier.
Après différentes tentatives, les cerfs-volants
sont construits en spruce de l’Oregon scié en
baguettes d’environ 10 x 13 mm.. Ces baguettes sont
vernies pour que l’humidité n’altère
pas leur qualité.
Les travaux de couture sont confiés
à la femme d’un ouvrier. Le tissu est du coton
pesant 68 g /m2 . Au début, ce tissu est imprégné
d’une dissolution de paraffine de façon à
ce qu’il n’absorbe pas l’eau. Cette technique
est rapidement abandonnée. Ensuite les cerfs-volants
pour vent faible seront huilés pour rendre le tissu
étanche à l’air, les cerfs-volants pour
vent moyen et fort gardant leur porosité naturelle.
Les cerfs-volants ont été utilisés à
Lindenberg de 1905 jusqu’aux années 50 , soit
pendant environ un demi siècle. Les différents
modèles suivants ont été successivement
utilisés. Ce sont tous des cellulaires
- cerf-volant modèle diamant de W. Koppen
- cerf-volant modèle X léger et pliable
- cerf-volant modèle N , c’est le Hargrave
- cerf-volant modèle S (dit parapluie). C’est
le seul modèle utilisant des bambous jugés par
ailleurs trop irréguliers. Un système astucieux
permet de tendre la toile avec une vis. Ce cerf-volant a été
inventé par Hermann Schreck.
- cerf-volant modèle V, c’est un Hargrave lourd
et robuste.
- cerf-volant modèle Grund. Inventé en 1929
par Rudolph Grund qui était employé à
Lindenberg. Ce cerf-volant auto réglable est la forme
la plus aboutie du cerf-volant en Allemagne.
Hormis le Grund dont la surface va de 7 à 35 m2, les
autres modèles ont une surface comprise entre 4 et
8,5 m2. Les hauteurs sont comprises entre 2 et 2,55 m.
Les cerfs-volants n’étaient pas utilisés
pour les vents trop faibles (inférieurs à 6
m/s). Ces jours-là, seuls les ballons pouvaient être
utilisés.
Pour les vents faibles (6 à 9 m/s), on emploie jusqu’à
neuf cerfs-volants. Le premier est plus grand que les suivants
et porte le météorographe. Ensuite, environ
tous les 500 mètres ou un peu plus, on fixe un nouveau
cerf-volant par un fil de 50 m attaché d’une
part au cerf-volant et d’autre part à une pince
serrée sur le fil principal.
Pour les vents moyens (9 à 22 m2) les cerfs-volants
sont montés comme ci-dessus, mais espacés de
1500 à 2500 mètres. Ils sont donc moins nombreux.
Pour les vents forts (+ de 25 m/s) on est obligé de
réduire le nombre de cerfs-volants qui n’est
alors que de 1 à 2. Dans ce cas, le renroulement doit
être très lent pour que sa vitesse rajoutée
à celle du vent ne cause pas la rupture du fil. Cette
vitesse peut descendre à 0,25 m/s. Il faut alors plus
de 5 heures pour rembobiner 5 Km de fil. Lors de vents violents(35
m/s) , la traction d’un seul cerf-volant de 4 m2 peut
atteindre 100 kg.
Le
choix des cerfs-volants avant le lancement est difficile puisqu’on
ignore les conditions qu’ils rencontrerons à
quelques kilomètres d’altitude. L’expérience
montre à Assmann qu’en dessous de 4 m2 les cerfs-volants
ont trop de traînée et que parfois des cerfs-volants
de plus de 8,5 m2 seraient utiles. Mais une aussi grande surface
expose à la casse en cas de rafale. Les cerfs-volants
d’un train se comportent parfois en « bête
sauvage ». Pour atténuer ce comportement, tous
les cerfs-volants sont munis d’élastiques sur
les fils arrières du bridage de façon à
diminuer l’incidence et donc la traction lors des à-coups
de vent.
En 1913, dernière année d’activité
d’Assmann, les chiffres résumant l’activité
cerf-volistique à Lindenberg sont les suivants :
- nombre ascensions 789
- nombre jours de vol 274
- hauteur moyenne 3563 m
- 3 ascensions au-dessus de 6000 m
A Lindenberg, entre 1905 et 1932, il y a
eu 15553 ascensions en cerf-volant , 5930 ascensions en ballons
captifs et 687 ascensions en ballons sonde. Le départ
d’Assmann correspond à la fin de l’âge
d’or du cerf-volant météorologique.Son
coût très faible et la possibilité de
recueillir les mesures immédiatement au retour de l’ascension
le rendait très précieux. L’apparition
des transmissions de mesures par radio sondage dans les années
20 lui portera un coup fatal.
Les deux vols les plus remarquables sont l’ascension
d’un train de 8 cerfs-volants à 9750 mètres
le 1/8/1919 et l’ascension d’un Grund seul à
7550 mètres le 23/6/1935.
|