Pierre PICAVET
. Le Cerf-voliste
. L'Aviator Club
. Le photographe
. L'aérostier
 
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LIENS
 

Aérostier dans la guerre
Le gouvernement de cette belle époque désirait avoir une armée équivalente à celle de l’Allemagne. Les populations respectives étaient de 39 et 66 millions. Il fallait donc un service militaire plus long en France afin de compenser la faible population. Il était de trois ans.
Pour adoucir cette longue durée, les militaires qui effectuent des vols en aéroplane, dirigeable ou cerf-volant se voient attribuer des primes ou bonifications. Ainsi les soldats effectuant quatre ascensions en cerf-volant d’une durée de 30 minutes chacune au minimum et à plus de 100 mètres de hauteur au cours des manœuvres de 1913 ont droit à une bonification de trois mois (Journal Officiel du 7/11/1913). La compensation par trois mois de liberté de deux heures passées en l’air donne à penser que les autorités militaires considéraient le vol en cerf-volant comme une variante aérienne de la roulette russe.
Picavet est incorporé le 10 octobre 1913 à la fin de ses études et ne sera libéré que le 21 juillet 1919. C’est-à-dire qu’il passe environ 6 ans, de 21 à 27 ans, dans l’armée.
Picavet est affecté initialement dans l’aviation, mais rapidement il est muté dans l’aérostation (dont dépendent les cerfs-volants militaires) à Saint-Cyr , puis Versailles près de Paris. Le maître des lieux est le capitaine Saconnay qui récupère autant qu’il le peut les membres les plus actifs des quelques 25 sociétés cerfs-volistes pour faire fonctionner la section automobile de cerfs-volants montés. Leur travail consiste à régler les problèmes mécaniques de moteur ou de treuil ou à effectuer des travaux de corderie. Picavet passe donc son temps entre l’huile des moteurs et les nœuds.
Au printemps, le groupe part vers les « frontières de l’est » pour des manœuvres. Le cortège de véhicules comprend une voiture d’aérologie (météo), une voiture avec remorque pour le matériel de photo aérienne et enfin la voiture avec remorque pour les cerfs-volants. La vitesse est d’environ 25 km/h. Arrivée aux environs de Toul, l’équipe s’installe dans un hangar à dirigeable. C’est au-dessus de VILLIERS-LE-SEC que le sapeur TOURTAY, photographe de la section, est élevé par des cerfs-volants à 650 m d’altitude pendant 1 h 25.
Au cours de la même période, Picavet fait également plusieurs ascensions en cerf-volant.
Pendant la guerre elle-même, commencée en août 1914, Picavet est resté dans l’aérostation. En août 1915 il est sergent-chef de section de cerf-volant à la 30e Compagnie d’Aérostier.
En mai 1916, il est sous-lieutenant de compagnie avec fonction d’officier de manœuvre. A ce titre, il réussit le 5 mai 1916 à ramener au sol le ballon cerf-volant (ou saucisse) et son observateur avant que n’arrive la bourrasque qui casse les câbles de 24 ballons. 28 observateurs sont emportés et 5 tués. Certains de ces ballons avaient deux nacelles et deux observateurs. La photo ci-jointe montre Picavet pris en photo de la deuxième nacelle d’un ballon de ce type.
Au cours de la guerre, Picavet est successivement dans la 30ième, 47ième, 48ième et 49ième compagnie d’aérostiers. Il est commandant de cette dernière. Il est également temporairement instructeur aux écoles d’aérostation de VADENAY et d’ORIGNY.

Retour à la vie civile
Picavet se marie peu avant la fin de la guerre et a deux filles en 1919 et 1921. Il n’apparaît pas qu’il se soit encore intéressé au cerf-volant.
La carrière professionnelle de Picavet commence à Paris, puis il devient directeur d’une usine à SUCY-en-BRIE. De 1928 à 1957, il est ingénieur en chef d’une filature à TOURCOING.
Durant la deuxième guerre mondiale, Picavet est commandant du parc de la base aérienne de BOURRASSOL (près de Toulouse) de juin 1941 à janvier 1943. Parallèlement à ces activités, il s’occupe très activement d’une société de tir, sport dans lequel il fut un champion.
Pierre Picavet est décédé à Tourcoing le 21 juillet 1973.

Remerciements
- A Madame COUILLET pour m’avoir très gentiment donné des renseignements sur son père et les photos qui illustrent cet article.
- au Service Historique de l’Armée de l’Air à Vincennes
- à Monsieur ZAMPAOLO pour une aide décisive.