La belle époque
En 1907 Frantzen fonde avec quelques camarades l'Union des
Cerfs-Volantistes de France (UCVF) dont il est président.
Des groupements de cerfs-volistes avaient existé auparavant
mais ils n'étaient que des branches de clubs aéronautiques.
Ainsi le concours organisé en mars et avril 1905 par
la Société Française de Navigation aérienne.
L'UCVF semble bien être la plus ancienne association
de cerfs-volistes en France. Très rapidement l'UCVF
se développe jusqu'à fédérer en
1914 selon Frantzen 25 sociétés réparties
en France. Comme on l'a vu précédemment pour
d'autres clubs, le cerf-volant n'était pas considéré
comme un jeu mais comme un outil utilitaire. Dans l'UCVF et
en 1912 (voir statuts du club ci-joint), cette utilité
est aussi militaire et, pour préparer à la fonction
de sapeur cerf-volantiste, des cours théoriques et
pratiques sont donnés tous les dimanches. Par ailleurs
les absences injustifiées étaient sanctionnées.
A cette époque, selon Frantzen, “ les sociétés
cerfs-volistes ne pouvaient faire d'expériences que
le dimanche, tous leurs membres travaillant en semaine. Les
matériels étaient exécutés en
semaine de 20 à 24 heures et dans des conditions difficiles
”. La semaine de travail était alors ordinairement
de 6 jours sur 7 avec 10 à 2 heures de travail quotidien.
En août 1912, l'UCVF participe au Concours International
de Spa où elle obtient :
- 3° prix de cerf-volant porte-amarre,
- 3° prix de cerf-volant monté (ascension humaine),
- 3" prix de cerf-volant porteur.
Ces
troisièmes prix laissent une légère amertume
à Frantzen qui considère que les résultats
ne prennent pas en compte l'originalité de ses cerfs-volants
et leur facilité de montage. La Conquête de l'Air
de septembre 1912, bulletin officiel de l'Aéroclub
de Belgique, relate ainsi l'ascension de l'UCVF : “L'ascensionniste,
M. FOURNIER, atteignit rapidement l'altitude de 62 mètres
et resta environ vingt minutes, record de durée de
l'épreuve. Si la nacelle eut été fixée
au départ du câble porteur de 400 mètres,
l'altitude atteinte eut été de 200 mètres
minimum. Bien que troisième, l'UCVF a encore fait le
meilleur concours. La descente de M. Fournier fut impressionnante
au plus haut degré : au signal de fin d'épreuve,
larguant les appareils remorqueurs, M. Fournier desserra son
frein et fit une glissade aérienne superbe aux applaudissements
du public enthousiaste. S'arrêtant à plusieurs
reprises, démontrant ainsi la sécurité
de son système de descente sans remorqueurs, le premier
du genre essayé à ce jour, M. Fournier arrêta
sa course à quelques mètres du treuil et, à
sa descente, il fut porté en triomphe aux tribunes
où il fut longuement ovationné.”
En août 1913, l'UCVF participe au meeting aérien
de Grandville en Normandie et en juin 1914 au dernier grand
concours de Boulogne-sur-Mer. L'UCVF y remporte le deuxième
prix de cerfs-volants montés et une prime spéciale
sur le prix de météorologie. Le déploiement
d'activité et d'imagination de Frantzen sont considérables.
Il aurait publié un bulletin de l'UCVF et un livre
Construction et pratique du cerf-volant à la Librairie
aéronautique. Il écrit des articles dans La
Vie Aérienne avec de nombreux plans de cerfs-volants
qui révèlent parfois une imagination débridée.
Dans le même ordre d'idées, son exaltation peut
le conduire à susciter l'ironie de ses collègues.
Il suggère ainsi d'équiper un cerf-volant de
sauvetage d'un appareil photographique, de la sorte “
si les secours ne peuvent parvenir à temps, la photographie
pourra apporter un souvenir ému, en enregistrant fidèlement
l'attitude suprême des désespérés
”. Ce genre d'idée de photographier un homme
en train de se noyer révèle une exubérance
qui explique peut-être la marginalisation partielle
de Frantzen dans le monde cerf-voliste où il s'estime,
ajuste titre, victime d'ostracisme.
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