
La grande guerre.
Ceux qui l'ont connu disent combien la 1ère guerre
mondiale a très profondément marqué G. Pantenier.
Il a 31 ans au début de la guerre en août 1914. Il est mobilisé
immédiatement dans le service sanitaire mais dès le 20 août
il est fait prisonnier près de Verdun et transféré
en Bavière. Il est libéré en juillet 1915. comme
il le dit lui-même peu après "ces 11 mois de captivité
passés chez l'ennemi et les cruautés dont j'ai été
témoin sont encore de nature à exhaler en moi des sentiments
de revanche".
Pantenier ne dispose plus de ses cerfs-volants qu'il a
cachés à Lille afin que les Allemands ne puissent pas se
les approprier et surtout il est séparé de sa famille restée
en pays occupé et l'occupation allemande est dure. A la fin de
l'été 1915 Pantenier est caporal cerf-voliste à la
46ème compagnie d'aérostiers de campagne. En décembre
1916, dans un rapport très argumenté, il propose de remplacer
les cerfs-volants militaires réglementaires (en fait des Saconney)
par des Panteniers. La base son argumentation rigoureuse est, en fait,
de dire qu'un train de Saconney ne peut pas être utilisé
dans de bonnes conditions puisque le câble ne traverse pas le cerf-volant
à l'endroit où s'exerce la résultante de la portance.
On est donc obligé de ne pas donner à chaque cerf-volant
son meilleur réglage pour qu'il puisse voler en train.
Pantenier explique par cette médiocrité
de conception le fait que, dans sa compagnie, il n'y a eu qu'une ascension
de deux heures en cerf-volant entre le 1er septembre 1915 et le 30 janvier
1916. Pantenier propose donc qu'on lui laisse prouver la meilleure efficacité
de son dispositif dans lequel le câble passant entre les deux voilures
antérieures permet le réglage optimum des cerfs-volants.
Les propositions de Gabriel Pantenier remonteront jusque devant la commission
militaire du sénat en 1917 mais, malgré la justesse de l'argumentation
et l'avis favorable d'une partie de la hiérarchie, il ne fut pas
permis au caporal Pantenier de tenter des expériences compromettantes
pour la réputation du polytechnicien et chef de bataillon Saconney
(divers témoignages disent le personnage ombrageux).
Les dires de Pantenier confirment ceux de Frantzen, à
savoir que les cerfs-volants ont été mal, et par la suite
peu utilisés pendant la 1ère guerre. Le seul témoignage
d'un usage important concerne la 30ème compagnie qui, du 27 septembre
1914 au 10 février 1915, réalise 172 heures d'ascension
dont 124 en ballon sphérique et 48 en cerf-volant effectuant au
cours de ces ascensions 80 repérages de batteries, 67 réglages
d'artillerie et de nombreuses observations de troupes et de convois ennemis.
Par ailleurs, sur 83 compagnies d'aérostiers seulement 12 possèdent
un matériel de cerf-volant parfaitement au point.
Vers la fin de la guerre, en 1917, Pantenier est nommé
chef d'expériences et de fabrication de cerfs-volants aérologiques
à l'observatoire de Trappes où il collabore pendant 18 mois
avec les meilleurs spécialistes en météorologie.
Il parvient à se faire rejoindre par sa famille, depuis 3 ans en
pays occupé. Vers la même période il fait également
des essais de CV pour la marine à Gavres près de Lorient.
La guerre a valu à G. Pantenier la médaille des combattants
volontaires, la croix de guerre et la médaille militaire.
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